Quelques conseils pour promouvoir le végétarisme et le véganisme
Traduction et adaptation de l'article "Tips for promoting Veganism"
du site Vegan Outreach (http://www.veganoutreach.org) par Laurent Dervaux


Se mettre dans la peau du public

Pour promouvoir efficacement le végétarisme, nous devons concentrer nos efforts sur :
- informer le public à l'aide de documents crédibles, convaincants et ciblés
- donner des réponses aux questions particulières
- fournir des documents aux écoles
- faire des campagnes avec tact pour obtenir des plats végétariens dans les établissements publics et autres lieux de restauration
- collaborer avec des producteurs de manière à ce que davantage de plats végétariens existent
- fournir aux gens une liste de restaurants végétariens ou proposant un menu végétarien.

L'expérience nous a montré que la manière la plus efficace d'augmenter le nombre de végétariens est d'informer le public de manière constructive et compréhensible, plutôt que de se lancer dans la confrontation. Se mettre à la portée des gens demande certes de la patience et de l'habilité et peut être frustrant, mais cela en vaut la peine.

La nécessité d'apporter au public des informations est évidente lorque l'on réalise que la plupart des gens ne voient pas le végétarisme comme nous le voyons. La plupart d'entre eux le voit comme une privation de leurs aliments préférés, aliments qu'ils pensent être nécessaires pour être rassasié et en bonne santé. Depuis tout petit, on leur a répété que manger des produits animaux était bon et nécessaire.  Il nous faut donc leur fournir de nouvelles informations de manière à ce qu'ils voient les choses sous un jour nouveau sans néanmoins les placer dans une attitude défensive.

Mis à part le fait de devoir renoncer à leurs aliments préférés, un autre obstacle à l'acceptation et à la mise en pratique du végétarisme vient du fait que les gens ne veulent pas avoir à faire face aux implications morales de l'alimentation carnée. Refuser de manger les animaux, ce n'est pas seulement reconnaître que l'on avait tort avant, c'est aussi montrer implicitement à la famille, aux amis et aux collègues que c'est mal de manger des animaux. Cette attitude défensive bien compréhensible soulève un problème qui n'a pas de solution facile.

Quelques idées

Il faut donner une impression positive et forte du végétarisme en le défendant d'une façon qui soit bien perçue par le public, c'est-à-dire de manière habile. Il n'est pas nécessaire d'essayer à tout prix de se faire remarquer, le simple fait d'être un végétarien qui a confiance en soi et qui s'exprime bien suffit à amener les gens à s'exprimer eux-mêmes sur le sujet.

Des idées qui peuvent amener les gens à s'informer sur le végétarisme :

Suggestions pour la distribution de tracts

La distribution de tracts a pour gros avantage de ne nécessiter aucun temps de préparation. Une seule personne, au bon endroit et au bon moment, peut distribuer des centaines de tracts ou brochures en moins d'une heure. Il est certain que cela va intéresser une certain nombre de personnes "nouvelles à la cause", en semant des petites graines là où elles ne se trouvaient pas auparavant.

Il y a deux groupes de gens plus ouverts, en général, à ce qu'on leur distribue et au végétarisme.

Les étudiants sont généralement plus ouverts au végétarisme que le reste de la société. Les universités sont donc un lieu idéal pour distribuer des tracts. Dans les grandes universités, il y a constamment un flot d'étudiants allant et venant à certains endroits de l'université, tout au long de la journée. Pour les plus petites universités, il y a en général du passage entre les salles de cours. Moments les plus animés : les jours de la semaine avant 3 heures.

La loi américaine considère que l'extérieur des universités, comme le trottoir ou la place d'entrée, sont des lieux publics où la liberté d'expression et de distribution s'applique à tous (y compris aux non-étudiants). Ce qui n'a pas empêché les tentatives de découragement de certaines universités. A noter que les universités privées, quant à elles, sont des propriétés privées qui peuvent interdire la distribution de tracts sur leur surface (la loi française est probablement la même en ce qui concerne les universités, N.d.T.).

Les militants de Vegan Outreach ont distribué des tracts sur plus de 300 universités. Nous sommes rarement embêtés, même dans les universités privées. Le pire qui nous soit arrivé fut de nous demander de quitter les lieux, mais entre-temps nous avions eu le temps de distribuer des centaines de documents. Pour certaines universités situées en plein centre-ville (c'est le cas de nombreuses universités parisiennes, par exemple Jussieu), les étudiants passent par une rue pour le cours suivant, c'est donc un endroit pratique pour distribuer.

Autre cible privilégiée : les bénévoles qui récoltent de l'argent dans les rues pour une grande cause (Croix-Rouge, Amnesty International, Greenpeace, etc.) sont généralement des gens plus réceptifs, sensibles aux autres et qui acceptent des tracts. Nous ciblons ces catégories car nous pensons qu'elles sont susceptibles d'accepter un tract, de le lire et d'envisager d'être végétarien (et non parce que leur cause a des points communs avec la nôtre).

Lors de la distribution de tracts, gardez à l'esprit les points suivants :

Bonne chance et tenez-nous au courant !

Communiquer

Savoir communiquer de façon à amener les gens à réfléchir ne s'apprend pas du jour au lendemain. Au fil des années, nous avons appris à éviter un certain nombre d'écueils et à entrevoir d'autres possibilités.

Habituellement, les gens ne réagissent pas bien à la communication unidirectionnelle, de nous vers eux. Par exemple, certains militants ont une tendance à essayer à tout prix de convertir les autres, ce qui les fait passer pour des fanatiques religieux. De même, quand les militants donnent l'impression qu'ils essayent de convertir, les gens résistent.
Un militant nous a raconté ce qui a marché dans son cas : "Je suis entré à l'université il y a presque un an. Au moins un jour sur trois, je portais mon sweat et mes t-shirts sur lesquels était inscrit "Vegan". Pendant des mois, seules quelques personnes firent des remarques, puis petit à petit, de plus en plus de gens m'ont posé des questions. Je n'essaye pas de leur débiter des informations, mais je leur offre un tract ou un dépliant quand les circonstances s'y prêtent. Certains lancent des blagues sur la viande en ma présence, et je ris avec eux et essaye de ne pas me montrer vexé.  Si nous voulons rendre les gens végétariens, il nous faut créer des occasions où le végétarisme suscite la curiosité et ne semble pas hors d'atteinte. Il faut que nous nous montrions intelligents, d'un naturel doux, rationnels, que nous nous montrions comme des gens que l'on a envie de fréquenter, de connaître, à qui on a envie de ressembler. Il est difficile de ne pas être énervé lorsqu'on se moque de nous ou des animaux que l'on mange. Mais répétons-le, si nous sommes davantage concernés par l'augmentation du végétarisme que la protection de nos egos, il nous faut répondre de manière cordiale en proposant des informations pertinentes.

Lorsque l'on a affaire à quelqu'un de vraiment franc et sincère, il nous faut tout écouter et y répondre de la même manière, avec honnêteté. Bien que nous soyons forts de nos convictions, il nous faut néanmoins reconnaître nos limites. Étant donné que la civilisation humaine s'est construite sur l'exploitation des humains et des animaux, le monde dans lequel nous vivons porte en lui une certaine ambiguïté morale. Vous pouvez dire par exemple : "Je ne prétends pas avoir les toutes les réponses à la question Comment devrions-nous vivre ? mais je sais que les animaux souffrent dans les fermes industrielles et dans les abattoirs, et je pense que nous devrions faire le maximum pour éviter de contribuer à ces souffrances."

Les degrés d'abstinence

On peut présenter le veganisme de deux façons différentes. La première en indiquant qu'un vegan doit rechercher où se trouve le moindre produit animal et s'en abstenir. La deuxième approche consiste à présenter le veganisme en disant qu'un vegan ne doit pas constamment se stresser à éviter tous les sous-produits animaux.

Avant, la discussion se déroulait à peu près comme ceci :

Vegan potentiel : "Ah ouais, tu es vegan... je connais une autre personne vegan. Tu sais, je suis tout à fait d'accord avec toi sur le fait qu'on traite les animaux de façon horrible, mais je ne pourrais jamais être vegan.
- Pourquoi donc ?
- Parce qu'il faut vraiment tout refuser. Il y a des produits animaux partout, pas vrai ?
- Il y en a dans beaucoup de choses. Mais tu regardes quels produits tu peux manger et ceux que tu ne peux pas, et ça devient plus facile.
- Ça demande trop de rigueur pour moi.
- Je peux te donner une liste avec les ingrédients d'origine animale, il y en a moins de 1000 ! J'ai aussi une liste de 500 marques indiquant si elles testent sur les animaux ou pas. C'est pas si compliqué, tout le monde le fait... eh, où tu vas ?? "

A présent, la discussion ressemble davantage à cela :

Vegan potentiel : "Ah ouais, tu es vegan... je connais une autre personne vegan. Tu sais, je suis tout à fait d'accord avec toi sur le fait qu'on traite les animaux de façon horrible, mais je ne pourrais jamais être vegan.
- Pourquoi donc ?
- Parce qu'il faut vraiment tout refuser. Il y a des produits animaux partout, pas vrai ?
- Tu n'as pas besoin de tout refuser, tu peux juste éviter les produits animaux évidents. Il y a des vegans qui évitent tout ce qu'ils peuvent, mais pour globalement cesser de contribuer aux souffrances animales et te considérer vegan, tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour chaque quantité minuscule de produit animal. Ces ingrédients d'origine animale disparaîtront au fur et à mesure que disparaîtront les industries de la viande, du lait et des oeufs."

Quelquefois, une personne nous répond "je ne pourrais jamais me passer de crème glacée (ou de fromage, etc.)". A présent, certains vegans répondent "alors continue à en manger et arrête le reste". Ce type de réponse surprend souvent l'interlocuteur et lui fait réaliser que le veganisme consiste à faire ce que l'on peut pour arrêter les souffrances, et non à être le plus pur possible.

Arguments particuliers

Avant, nous avions besoin de discuter de tout avec les gens. Nous avions tendance à essayer d'avoir un argument à chacune de leurs objections contre le veganisme, et nous en arrivions à la fin aux habitudes alimentaires de Jésus ou du grand-père carnivore mort à 102 ans, ou encore aux esquimaux échoués sur une île déserte ou le cas du coeur de cochon nécessaire pour sauver un gamin.

Face à ces questions, il est souvent difficile de tenir sa langue, de se retenir de lâcher une réponse apprise toute faite qui soit ironique, cinglante ou rationnelle. Mais il ne s'agit pas d'essayer de gagner une partie, chaque argument solide valant un point. Notre rôle est plutôt d'amener les gens à montrer leur compassion et nous devons pour cela être conscients et respectueux de leurs motivations, leurs craintes, leurs désirs et leurs faiblesses. Nous devons ramener la discussion au fait que manger des animaux cause des souffrances et que chacun d'entre nous peut éviter de contribuer à ces souffrances.

Les gens utilisent fréquemment la religion pour justifier le fait de tuer les animaux pour les manger. Certains végétariens répondent à cet argument que Jésus était végétarien. Même si certaines données historiques laissent à penser que Jésus fut membre d'une secte végétarienne, la plupart des gens ne le croiront pas car cela est en contradiction avec toute leur vie religieuse et dévouée. Utiliser cet argument nous fait passer pour des gens étant prêts à dire n'importe quoi pour faire gagner notre cause, ou encore bercés d'illusions.

Une réponse peut être : "Pensez-vous que Dieu vous punirait pour ne pas manger d'animaux ? Et si vous étiez allergique à la viande ?". Puis, revenez au fait que l'expérience de tous les jours nous montre que les animaux peuvent souffrir et qu'ils veulent vivre."Puisque nous avons la chance d'avoir une multitude de nourritures sur Terre, manger des animaux n'est pas nécessaire. Nous pouvons mettre en pratique notre compassion, que Dieu, selon de nombreuses personnes, nous a donnée et choisir une alimentation qui ne fait pas souffrir".

De nombreux militants nous demandent quoi répondre aux personnes qui leur parlent des élevages en plein air. Nous conseillons d'insister sur le fait que les élevages "traditionnels" ne subissent pas de contrôles stricts pour assurer le bien-être des animaux, et que les abattoirs restent un lieu de violence et de souffrances pour la quasi-totalité des animaux de ferme. Tant que les animaux ne seront vus que comme des objets de consommation, nous pouvons nous attendre à ce qu'ils soient maltraités.

Même ceux qui disent "je ne pourrais pas vivre sans viande" peuvent avoir envie d'en savoir plus sur le végétarisme tant que nous essayons de comprendre ce que ces personnes ressentent. Cela peut être difficile pour les vegans de longue date, pour lesquels ne manger que des végétaux est devenu facile et presque une seconde nature, de se rappeler comment le végétarisme peut apparaître à quelqu'un pour qui la consommation de produits animaux représente une part importante de chaque repas. Nous répondons "une grande partie de ceux qui sont à l'heure actuelle végétariens ou vegans ont eux-aussi ressenti qu'ils ne pourraient jamais arrêter de manger de la viande (donnez un exemple personnel). Certains réduisent les produits animaux progressivement, arrêtant d'abord le bacon au petit-déjeuner, puis au déjeuner, et enfin au dîner, et peut-être tous les produits animaux, finalement. Moins nombreux sont les produits animaux consommés, moins nombreux sont les animaux qui souffrent.

Erik Marcus aborde bien le problème dans son livre Vegan : The New Ethics of Eating :

    "Quand j'ai commencé à m'intéresser au végétarisme et au veganisme, j'ai choisi de découvrir une nouvelle cuisine ou un nouveau type d'aliments chaque semaine. Une semaine la cuisine indienne, une autre semaine cette céréale étrange appelée "quinoa". La cuisine thaï, la cuisine du Moyen-Orient, le seitan, la levure de bière. J'ai rapidement eu un menu qui dépassait de loin mon précédent régime
omnivore, à la fois en diversité et en goût."

Après avoir soi-même franchi de multiples étapes, on attend beaucoup des autres

Quand un nouveau végétarien essaie de faire partager ses nouvelles idées, il est souvent surpris par sa famille et ses amis, qui non seulement opposent une certaine résistance à ses idées, mais encore réagissent avec colère ou le ridiculise. En ajoutant à cela le fait que les végétariens voient les mangeurs de viande comme des gens qui soutiennent une certaine forme de cruauté, ils en arrivent facilement à développer envers les omnivores un sentiment proche de la haine. En fait, cela semble presque être un "devoir" pour un végétarien que d'éviter les omnivores et boycotter toute réunion où se trouve de la viande.

Nombreux sont ceux qui en sont passés par là, et il est fréquent que les végétariens de longue date regrettent d'avoir cédé à la colère et à l'indignation à leurs débuts. Pourtant, afin de changer la manière dont la société se comporte envers les animaux, il est nécessaire que la compassion que nous ressentons pour les animaux transparaisse à travers la peine et la colère que nous ressentons face à leur exploitation. Il n'y a qu'en faisant en sorte que les gens nous respectent et nous admirent, au lieu de nous trouver froids et moralisateurs, que les gens s'intéresseront vraiment au végétarisme.

Nous nous attendons à ce que les autres réagissent exactement comme nous. De là vient la grande difficulté que nous avons à rester aimables et respectueux. Il faut que nous comprenions vraiment les autres, que nous leur laissions le temps de gérer leur propre situation, plutôt que d'envenimer les relations, se faire des ennemis et nourrir le stéréotype du végétarien extrémiste et agressif.

Bien que cela soit difficile, il est certainement préférable, dans nos relations avec les autres et pour notre bonne santé mentale, de ne pas trop espérer des gens.

Ce qui ne signifie pas que la souffrance des animaux ne doive pas être prise au sérieux. Il est important de dire honnêtement ce que vous ressentez. Tant que l'on reste respectueux et aimable, notre exemple durable de végétarien, combiné aux informations que nous donnons, est une force positive face au public.

Si nous voulons que les gens comprennent, respectent et s'identifient aux animaux, nous devons en faire de même avec ceux avec qui nous discutons.

Même si de nombreuses informations disponibles ne sont plus à jour, ou bien mal documentées ou encore biaisées, on trouve néanmoins de nombreux documents pour nous aider à mieux connaître tous les sujets que nous abordons, par exemple la brochure gratuite "Végétarien & Végétalien" du groupe AVIS (http://avis.free.fr, email avis@free.fr) ou les documents distribués par Aequalis ou la P.M.A.F.

Néanmoins, nul besoin d'être une encyclopédie vivante. Les raisons les plus simples pour devenir végétarien sont souvent les plus persuasives : "Moi-même, je n'aime pas souffrir et pour cette raison, je ne veux pas faire souffrir les animaux".

Conseils pour tenir une table de presse

Les premières impressions

Pour établir un dialogue, la première impression est déterminante. L'affichage, nécessaire pour attirer les gens, doit être clair, lisible et simplement dire de quoi il s'agit. Pensez au type de public et à la particularité de l'emplacement pour choisir les images ou photos. Les photos d'animaux torturés vont choquer les enfants, et les personnes âgées vont éviter de les regarder. Adolescents et adultes, par contre, sont plus susceptibles d'être touchés sans néanmoins être choqués par de telles photos. Des images dures et des slogans radicaux conviennent bien, par exemple, aux lieux de grand passage comme une station de métro, où seuls une image et un slogan provocateurs peuvent faire ralentir quelqu'un de pressé. Sur un marché ou dans un salon, où les gens se promènent, des images moins crues et un message plus aimable (comme "Compassion pour tous") attireront probablement plus de gens.

Ayez une présentation convenable, propre et plutôt traditionnelle. Le style alternatif, mis à part là où il est la norme (squatts, concerts hardcore), donne pour message que notre monde est radicalement différent des gens auxquels nous nous adressons. Cela crée une barrière entre nous et des gens potentiellement intéressés, qui peuvent réagir avec méfiance, voire agressivité. Souvenez-vous que vous êtes le porte-parole des animaux, donc évitez tout ce qui peut se mettre entre votre public et votre message.

S'associer avec des associations reconnues pour leur sérieux, se référer aux experts appropriés et montrer une connaissance approfondie du sujet aident à gagner la confiance du public. Votre crédibilité augmentera si vous écoutez attentivement : répétez les arguments des gens avec des mots différents pour montrer que vous comprenez bien. Puis, de manière polie, posez des questions qui suscitent la réflexion. Cherchez des points communs avec les gens puis mettez l'accent sur les préoccupations communes. Sachez reconnaître chez vos interlocuteurs les arguments solides ou les observations justifiées : "oui, c'est vrai, vous avez raison". Veillez à ne pas apparaître condescendant, amère ou en colère. Ne transformez pas la discussion en un débat personnel ou une attaque personnelle, restez-en à passer en revue les  problèmes.

Comment communiquer

Un dialogue efficace implique de donner et recevoir des informations, dans les deux sens. Dans l'idéal, ce sont vos interlocuteurs qui doivent parler le plus, puisque ce sont eux qui découvrent de nouvelles façons de penser. Pour les aider à repenser le statut des animaux dans notre société, posez des questions qui incitent à réfléchir, citez des exemples et donnez des statistiques.

Le dialogue doit permettre de construire de bons rapports avec votre interlocuteur. S'il se déroule dans un respect mutuel, chacun apprend de l'autre. Quelles que soient ses connaissances sur le sujet, chacun a des connaissances propres, et une histoire propre. Le fait de remarquer que vous-même avez évolué vous donne une bonne raison d'écouter vos interlocuteurs. Ecouter sera reconnu comme une qualité et apprécié.

Si l'obstacle majeur semble être le désir de votre interlocuteur de continuer une pratique égoïste qu'il trouve agréable, comme la pêche ou la fourrure, donnez un exemple personnel de changement dans votre mode de vie. Face à "je ne pourrais jamais arrêter de manger de la viande", citez un exemple personnel lié à la nourriture, comme : "je pensais moi-aussi que je ne pourrais jamais arrêter de manger de la viande, j'ai d'abord réduit la viande. Maintenant je suis végétarien, et je me suis aperçu que la viande ne me manque pas du tout. Mon alimentation me convient, et je me sens plus en paix avec le monde autour de moi". Savoir avouer ses propres sentiments avec honnêteté permet de construire de bons rapports.

Il y a plusieurs manières d'aborder la situation des animaux non-humains. Aux Etats-Unis, certains mettent l'accent sur les notions de justice et de droits, qui conviennent bien aux idéaux américains. Ceux qui se réfèrent aux droits des animaux en appellent à la notion morale de ce qui est juste, en montrant aux gens, qui partagent le plus souvent cette idée, que cette notion devrait aussi inclure les animaux. D'autres s'appuient sur le besoin d'aider les autres, de s'occuper des autres, et en appellent à la compassion, à la peine et l'horreur éprouvées devant les souffrances des animaux.

En voyant comment telle ou telle personne répond aux questions, on peut décider de quelle manière on va s'appuyer sur l'argument éthique ou sur la compassion. Bien sûr, nombreuses sont les personnes qui donnent de l'importance à la fois à la morale et à la gentillesse. Les gens détestent l'injustice car elle fait souffrir d'innocentes victimes. Vous pouvez alors répondre : "Beaucoup pensent que la compassion et l'idéal d'un monde plus juste doivent gouverner nos rapports avec les animaux". Les gens cherchent à être logiques au niveau de leurs idées. Montrez-leur que se soucier de la souffrance des animaux, en se préoccupant en même temps de ce qui est moralement juste conduit à refuser de participer à l'exploitation des animaux.

Remarque en guise de conclusion

L'évolution morale et spirituelle que nous recherchons demande du temps et de la patience. Le combat pour la paix et la justice est aussi vieux que l'humanité. Pour être capable de militer jusqu'à la fin de nos jours, nous devons aussi nous préoccuper de nous-mêmes aux niveaux physique, émotionnel et spirituel.